P aul Joseph CODOS est né le 1er mai 1896 à IVIERS (Aisne) du déclarant Paul Charles Oscar CODOS, originaire de MORGNY-en-Thiérache, cultivateur, et de Marie Marthe Varlet d'IVIERS.
Dans les années 20, Mme veuve Marie Marthe CODOS quitte son exploitation agricole d’IVIERS.
Elle s'installe à HIRSON.
Sa fille Thérèse ouvre une boutique de lingerie-mercerie 94,
rue de Charleville [Charles de Gaulle]. Paul CODOS est, selon sa fiche
de recensement en mairie, un citoyen hirsonnais de 1919 à 1946. Dans un
premier temps, il demeure 38 rue de la Capelle [8 mai 1945] face à l'Ecole
Supérieure Professionnelle des garçons, puis chez sa sœur Thérèse
et son pied à terre, à PARIS 18 ième.
En 1947, Melle Thérèse CODOS, femme effacée, très estimée mais
combien frêle, abandonne son commerce. Sur les conseils de son frère Paul, elle
se retire à l'âge de 54 ans, à l'orphelinat de la fondation SAVART à SAINT-MICHEL-en-Thiérache.
En 1960, l'Institution ferme ses portes. Thérèse n'a pas le choix, elle
s'installe à PARIS16ème. En 1981, elle ferme les yeux.
Engagé sur tous les
fronts
Quant à Paul CODOS, le cadet d'une fratrie de cinq enfants, fils
de paysan Thiérachien, il exerce un premier métier, celui d'ouvrier typographe
à LA FERE. Cet emploi est de courte durée. Le 8 septembre 1914, à ses 18
ans, il passe par le bureau de recrutement de SAINT-QUENTIN. Il
s'engage [matricule 338] pour la durée de la guerre 14-18. Il est
incorporé dans le 24ème régiment d'artillerie comme 2ème cannonier-servant.
Le 14 novembre 1914, il se retrouve en première ligne sur le front de VERDUN
et de la Somme. Il reçoit une citation à l'ordre de l'armée : "Brigadier téléphoniste plein de zèle et d'entrain
dans son service. Le 17 mai 1916, au moment d'un réglage par avion, son poste
ayant été bombardé par deux obus s'est mis de suite à l'œuvre pour rétablir,
sans souci des projectiles qui tombaient autour de lui, donnant ainsi un bel
exemple d'initiative, de sang froid et du mépris absolu du danger."
Les pieds dans la gadoue, la tête dans les nuages, une idée le poursuit
: Il sera aviateur. "J'avais assisté,
dit-il, aux prouesses des avions de commandement, de réglage, de chasse. Je
savais que lorsque les équipages revenaient de leur mission une vie humaine,
douce et chaude, les attendaient. Certes, des risques. Notre sort n'était pas plus
favorable. De plus, j'étais cloué au sol, à demi asphyxié par les gaz, dégoûté
de cette terre qui envahissait et qui sentait la mort. Vivre ou mourir en plein
ciel me paraissait facile. Quelle tentation pour une âme ardente que le combat
singulier !"
Il fait une demande de mutation. Il essuie un refus de sa hiérarchie. Les
jours, les mois passent, notre thiérachien ne baisse pas les bras. A la
huitième tentative, il obtient un avis favorable. Le 25 novembre 1917,
Paul CODOS est appelé à se transporter à la Division. Il est détaché au
1er groupe d'aviation. En passant l'examen de culture générale, il annonce à
l'examinateur qu'il est typographe.
- Ah ! Vous êtes topographe. Parfait, mon
ami, les cartes n'auront pas de secret pour vous.
Le commandant confond typographe et topographe… Peu importe, une
carrière de pilote-aviateur se dessine. Le 30 novembre 1917, Paul CODOS
rejoint Istres, puis l'école d'aviation de Nieuport à Miramas où il s'initie au
pilotage acrobatique sur "la Grosse Julie".
En janvier 1918, son brevet de pilote en poche, il espère passer en escadrille.
En vain ! L'Armistice du 11 novembre est signé. L'occasion de montrer
ses aptitudes ne se présente pas. Le 29 août 1919, le Maréchal des logis
CODOS, est démobilisé et c'est l'attente.
Le 20 juin 1920, Paul CODOS reçoit une lettre
qui l'invite à se présenter à la Compagnie des Messageries Aériennes.
Débordement de joie !
- C'était oui ! J'avais gagné ; bien des
dates s'étaient estompées mais pas celle du 20 juin 1920. Mon grand rêve
d'après guerre se réalisait. J'avais le ciel pour domaine."
Il accepte d'être convoyeur d'avions "Breguet 14" entre le camp
d'Avord et d'Istres. L'aventure sera de courte durée, il est prié de plier
bagage. La Compagnie des Messageries Aériennes s'éteint. Déception pour notre
homme.
Vols de nuit
En 1921, DOROMAN, virtuose de l'hélice calée, administrateur des
Aérostransports Ernoult lui propose d'entrer dans sa Compagnie pour assurer les
liaisons quotidiennes Bordeaux-Toulouse-Montpellier. Il fait la connaissance de
Dieudonné COSTES dit "Dedieu", l'as de la guerre d'Orient. Ces
deux monstres sacrés feront, quelques années plus tard, route ensemble.
L'Aérotransports, sans crier gare, fait faillite. CODOS est mis sur banc
de touche.
Deux mois passent. C'est Pierre DUCAT directeur de la Société Réseau
Aérien Tran-safricain qui l'accueille sur ses lignes Alger-Biskra-Toggourt. Les
survols du désert ne sont pas sans risque. Le matériel est vieux ! Lors d'une
liaison de routine, l'avion piloté par CODOS s'écrase près de Biskra.
Notre thiérachien est grièvement blessé au visage et aux membres. Il est cloué
sur un lit d'hôpital durant sept mois. Le diagnostic des chirurgiens est
réservé. CODOS resterait estropié à vie. Erreur !
Une fois sur pieds, l'avenir ne lui sourit pourtant pas. La
société est en liquidation, il n'a plus sa place dans les rangs du Réseau.
En 1924, il rentre à la Compagnie Aérienne Française dont la spécialité
est l'organisation de meetings aériens. Faute de mieux, CODOS s'engage
sur cette voie.
Puis, c'est Air-Union qui lui tend une main. CODOS signe le contrat
qu'il reçoit de Noguès, chef pilote et codirecteur de France-Roumanie. Présenté
à BAJAC, chef pilote, aviateur de guerre, Paul CODOS dira : "Visage avenant et doux que la blancheur de ses
cheveux rendait encore plus aimable, de surcroît gentleman."
Le 27 janvier 1926, avec un avion Farman biplan
baptisé le "Goliath" de deux moteurs Salmson de 260 CV, CODOS
et AGNUS assurent les premiers vols de nuit pour des transports de fret
sur la ligne Paris-Londres et l'année suivante, sur celle de Londres-Marseille.
CODOS qui ne tarit pas d'éloges observe son compagnon :"Combien de fois ai-je secrètement admiré le calme
et l'habilité d'un équipier comme Agnus ! Taillé en athlète, sa force n'avait
d'égale que sa douceur."
Au cours d'un vol de nuit, le "Goliath" marque un brusque changement
de régime. ROUYER, mécanicien, a tout compris. N'écoutant que son
courage, il s'extirpe du poste de pilotage et, en s'accrochant aux haubans, il
atteint le moteur. CODOS surpris, réduit la vitesse. ROUYER sort
de ses poches une pince, du chatterton, du fil de fer. En mécanicien averti, il
emploie le "système D" et il rafistole la tuyauterie défaillante.
CODOS a eu la peur de sa vie et il explose :
- "Tu es complètement fou ! Criai-je
pour dire quelques chose." Notre équilibriste, de retour à son poste tout
tremblant, hausse les épaules.
Nostalgie du pays qui
l'a vu naître !
Paul CODOS, confiné au 6ième étage dans une modeste chambre d'hôtel à
Paris 18ième vient régulièrement se ressourcer en Thiérache, enfourchant sa
sacrée bécane : Pas n'importe quel engin, une grosse Harley Davidson.
En septembre 1928, il est l'invité d'honneur pour la grande
manifestation des sports mécaniques organisée par l'Union Commerciale d'Hirson.
Cette fête se tient au "Champ- Roland" où se déroule un meeting
aérien. Paul CODOS se prête volontiers au spectacle des deux
trapézistes, Roland TOUTAIN et Maryse HILZ qui, suspendus par les
pieds sous la carlingue, décrochent des fanions. Notre virtuose du manche à
balai dira : "C'est du cirque".
Ce type de manifestations n'est pas sa "tasse de thé". L'aventure
dont il rêve, c'est d'effectuer des raids et de battre des records. Il doute.
Ne serait-il qu'un pilote de ligne ? Il ne serait pas admis dans la cour des
"grands" ?
De l'Indochine, il en
rêve !
- Que dirais-tu d'un voyage en Indochine ?
Question pertinente
posée par Dieudonné COSTES à Paul CODOS qui se fige à cette idée.
Il n'ose croire à la chance, lui qui, secrètement, caressait le rêve d'un Paris-Saïgon-Tokio
avec un bimoteur Blériot dont le projet était tombé à l'eau. L'aviation Civile
ne souhaitait pas porter le chapeau !
Le 19 février 1929, à 17 h 40, malgré une météo incertaine avec
un Breguet 14 biplan, moteur Hispano-Suiza de 550 CV, baptisé "Dragon
d'Annam" COSTES, CODOS, second pilote et BELLONTE,
mécanicien décollent du Bourget pour un Paris-Hanoï. Selon COSTES, ils
mettront trois jours et demi pour atteindre l'Indochine.
A 500 mètres d'altitude, le moteur du "Dragon d'Annam" tousse, l'hélice
s'arrête. COSTES qui en vu d'autres, décide de se poser. A l'approche de
la terre ferme, le "Dragon d'Annam" heurte un pylône. Il s'écrase le
long du terre-plein de la ligne ferroviaire Paris-Strasbourg, à quelques
kilomètres de BONDY.
COSTES et BELLONTE s'en sortent avec quelques contusions. Paul CODOS
est coincé dans l'amas de ferrailles. Il souffre d'une foulure à une cheville,
de déchirures musculaires et de douleurs dorsales. Le rêve de son premier bal
s'envole. Ce sera deux mois d'hôpital !
Le 15 décembre 1929, CODOS et COSTES décident qu'en
janvier-février 1930 avec un Breguet-Bidon, baptisé le "Point
d'interrogation" dit le "Rouge" par sa couleur, moteur
Hispano-Suiza de 600 CV, qu'ils s'attaqueront, aux records de vitesse en
circuit fermé Narbonne-Nîmes. Chose dite ! Ils voleront 23 heures et 22
minutes, couvrant 8029 kilomètres.
La France est détentrice du plus grand trophée aérien. Les deux noms
s'inscrivent au tableau des palmarès internationaux. Ils clouent au pilori, les
Allemands et les Italiens : FERRARIN et DELPRETE qui,
précédemment, avaient parcouru 7666 kilomètres.
L'Atlantique Nord lui
échappe !
Le 23 juillet 1930, avec le "Point d'interrogation", CODOS
est pressenti à un grand raid au-dessus de l'océan Atlantique en direction de New
York. A la veille du départ, il est écarté… Dans le calcul de poids, un second
pilote n'est pas prévu. CODOS est déçu. L'équipage reste formé de DIEUDONNE
COSTES et de Maurice BELLONTE, radio navigant. COSTES,
calculateur, prévoit un trajet de 6310 kilomètres à effectuer en 36 heures.
Les conditions météorologiques ne sont pas au beau fixe. Qu'importe ! Le départ
est prévu du Bourget pour le 1er septembre. Après 37 heures et 17
minutes de vol, les roues du "Point d'interrogation" se posent
sur le terrain américain de CURTISSFIELD. Le raid est homologué.
La bataille de l'Atlantique est gagnée.
Le 4 février 1931, CODOS est nommé chef pilote adjoint à Air-Union. Deux
ans plus tard, la Compagnie fusionne avec Air France. Elle inaugure les lignes
Paris-Rome et Paris-Madrid. Paul CODOS fait partie du voyage. Ô ! Ce
n'est pas la panacée. Son rêve est invariablement celui d'effectuer des raids
et de records.
En juillet 1931, COSTES étant appelé à d'autres tâches, confie le
"Point d'interrogation" à CODOS. Le 11 septembre
1931, le "Point d'interrogation" est fin prêt. Paul CODOS
s'attaque au Paris-New York avec Henri ROBIDA, navigateur.
CODOS et ROBIDA devancent en 37 heures de vol, COSTES et BELLONTE.
Ils remportent le record du monde de longue durée d'un seul coup d'aile, sans
escale
L'Orient, une autre
aventure !
Ah ! L'orient. Une aventure qui donne le vertige ! Paul CODOS s'aligne
sur l'une des pistes du Bourget. Il n'est pas seul en lice. Des pilotes
aguerris tel que JOSEPH-Le-BRIX, DORET et MESMIN
sur un Dewoitine baptisé le "Trait d'union" ont la même
ambition. Dès le décollage, le "Point d'interrogation" tient
ses promesses, il est régulier dans l'altitude voire une vitesse supérieure sur
ses concurrents. Calme plat, enfin presque jusqu'au-dessus de la Ruhr. CODOS
franchit la frontière allemande lorsqu'il entend des bruits suspects sous le
capot. Il constate une baisse de régime. L'altimètre fait son boulot. Il
indique que l'avion est en train de s'enfoncer. Ceci ne présage rien de bon. CODOS
vidange les réservoirs. Il faut sauver l'appareil. Une terre cultivable, près
de Düsseldorf, fera l'affaire. CODOS a la rage et ROBIDA… les
larmes. Tant d'efforts anéantis en quelques minutes.
Une fois à terre, CODOS apprend que le "Trait
d'union" s'est abattu sur les monts Oural. DORET avait donné
l'ordre de sauter en parachute. Il est seul à y parvenir. Le "Trait
d'union" emporte JOSEPH-Le-BRIX et MESMIN. Une
autre nouvelle parvient aux oreilles de CODOS. Le "Point
d'interrogation" serait mis à la retraite. Adieu, les amis. Adieu,
"le Rouge?"
Le 4 janvier 1932,CODOS et ROBIDA récidivent. Avec un
Breguet 330, équipé d'un moteur Hispano-Suiza de 650 CV, ils se posent le 11 du
mois à HANOÏ. Le 23 janvier, au retour, ils ont battu le record
Indochine-France qui était détenu par COSTES et BELLONTE.
Dieudonné COSTES, beau joueur, salue cette performance. Paul CODOS
est épuisé, il est admis pour un séjour à l'hôpital. Ce n'est que le 10ième.
La glorieuse épopée de deux hommes
Le 4 août 1933, l'Atlantique Nord lui tend les bras. Le monomoteur
Blériot, moteur Hispano-Suiza de 500 CV, baptisé le "JOSEPH-Le-BRIX"
est transporté en pièces détachées jusqu'à New York, à bord du bateau
"Champlain". Le 5 août, les mécaniciens font fort, le "JOSEPH-Le-BRIX"
est remonté. Maurice ROSSI et Paul CODOS décollent vers 6 heures
du matin de l'aéroport de Floyd-Bennet sous le regard de la statue de la
Liberté. Les Yankees sont éberlués : "Des Français entreprennent le vol le
plus ambitieux qui n'ait jamais été réalisés."
Le 6 août, à 22 heures 20, s'effectue le passage au-dessus
du Bourget. La première partie est bouclée, soit 5800 kilomètres en 33
heures et 40 minutes. Sur le tarmac, Mmes CODOS et ROSSI,
ont forte émotion. Paul CODOS déclare : "Des
moments intenses. Le premier acte du voyage était joué et gagné. Au-dessous de
nos ailes, les êtres que nous chérissons le plus étaient là, nous faisant des
signaux. Depuis de longues semaines, nous étions séparés. Nous aurions voulu
les étreindre, mais dans les records de ce genre, les escales pour s'embrasser
sont interdites. C'est cruel." Juste quelques mots griffonnés sur
un bout de papier jetés hors de la carlingue pour les femmes.
Le second acte pose problème. Au-dessus de Munich, un message radio d'un
éventuel échec est transmis : "Sommes démoralisés, venons de constater
fuite d'essence et consommation anormale. Pensons battre quand même record.
Nous avons carburant jusque Bagdad, mais demandons escorte à Alep. Faites-nous
contrôler par Vienne et Rhodes."
Quelques heures plus tard, le ministre de l'Air annonce que CODOS et ROSSI
sont passés au-dessus de l'Ile de Rhodes avec des nouvelles rassurantes. Le
précédent record détenu par BOARDMAN et POLANDO est déjà battu.
Après 55 heures et 30 minutes de vol et couvert 9104 km 700,
à la vitesse moyenne de 164 Km/h, l'avion se
pose à RAYAK (Syrie) à 80 kilomètres de DAMAS. Victoire ! Le
record du monde de distance New York-Rayak sans escale est battu. CODOS
s'esclaffe : "Vive les Ailes Françaises, vive
la Syrie, vive la France !" Et cette pensée : "Un raid n'est fait que
d'audace, de ténacité et d'un zeste d'inconscience."
Il n'est pas satisfait, pas plus que ROSSI, d'ailleurs. Ils visaient
plus loin. La meute des reporters-photographes se presse autour de nos héros.
Paul CODOS n'en démord pas : "C'est
navrant. Avec cet appareil, ce moteur, sans le mauvais temps, nous aurions pu
dépasser les 10.000 kilomètres."
Accueilli en héros
Le dimanche 29 octobre 1933, la ville d’HIRSON rend un
hommage solennel à l'enfant du pays. Les rues se pavoisent. L'as du manche à
balai est "cueilli" au domicile de sa sœur. A bord d'une berline
précédée de l'Harmonie municipale, des délégations patriotiques et
associatives, notre héros, sa mère, son épouse et sa sœur Thérèse sont acclamés
par les Hirsonnais sous des : "Vive Codos." C'est du
délire.
M. Emile VILLEMANT, premier magistrat de la ville d'Hirson, l'accueille
à l'Hôtel de Ville en ces termes : "Je
vous reçois en toute simplicité, vous êtes, ici, chez vous."Paul
CODOS est porté en triomphe jusqu'à la salle d'Aumale où, il reçoit les
honneurs du Docteur Jules GOBERT, Maire-adjoint qui estime : "Paul CODOS devient un modèle de courage, de
ténacité, d'audace et de fermeté. C'est parce qu'il avait été élevé par une
mère française, une maman auprès de laquelle il a appris ce qu'était le courage
et la volonté, l'abnégation et la foi dans l'avenir."
La population hirsonnaise acclame, sans discontinuer, notre héros local sous
des cris de "Vive CODOS". Toute la famille est émue.
Les femmes reçoivent une gerbe de fleurs. L'Harmonie municipale joue La
Marseillaise. Paul CODOS balbutie quelques mots de remerciements aux
Hirsonnais, à ses proches qui l'ont soutenu dans les épreuves et il a une
pensée pour son compagnon, Maurice ROSSI.
Le ciel n'attend pas
!
Les honneurs c'est une chose, pilote c'est tout autre. Le 27 mai 1934,
CODOS et ROSSI avec le "Joseph-Le-Brix" tentent une
nouvelle tentative. Cette fois d'Ouest en Est, Paris-New York-San Francisco.
L'objectif est de battre leur propre record d'Est en Ouest.
En vol, un message radio parvient du Général DENAIN, Ministre de l'Air :"Au moment où vous survolez terre américaine,
heureux vous annoncer Rossi promu Capitaine et Codos, nommé Commandeur Légion
d'Honneur. La France que vous servez héroïquement vous est reconnaissante.
Félicitations affectueuses."
Pour nos deux pilotes, les conditions de vol ne sont pourtant pas au
rendez-vous. CODOS, la mort dans l'âme, est contraint de poser son avion
à Floyd Bennett après 38 heures de vol ayant couvert 5809
kilomètres à la vitesse de 151 kilomètres à l'heure. Les honneurs ! CODOS
et ROSSI sont reçus à la "Maison blanche" par Franklin
Roosevelt qui ne se doute guère que la mission, initialement fixée par les
pilotes, n'est pas parvenue à son terme. Pour nos virtuoses de l'hélice, c'est
un échec. Pourquoi ? Au décollage, l'hélice a accroché une branche d'arbres.
Invitation des
Hirsonnais
Le 23 septembre 1934, Paul CODOS ayant d'autres
obligations déclinera l'invitation de l'Union Vélocipédique Hirsonnaise pour la
course Paris-Hirson dont le départ est fixé du Bourget.
Le 22 décembre 1935, de retour sur les terres thiérachiennes, il est
l'invité d'honneur d'Henri SOHIER, Président de la Fraternelle des
Poilus d'Hirson pour une "causerie" au profit des Œuvres. Elle sera
suivie d'une audition par l'Harmonie municipale conduite par Jean LECLABART,
son Président. 1935, une année charnière. Sauf erreur, nous n'entendons
plus guère parler de notre pilote-aviateur sur la région hirsonnaise…
Missions
"Atlantique"
Le 16 février 1936, CODOS-ROSSI se lancent sur un
Paris-Santiago. Une fois dans les airs un navrant constat, le fuselage du
"Joseph-Le-Brix" est couvert d'huile moteur. CODOS, vaincu par
les éléments ? Au-dessus de l'océan Atlantique, il fait demi-tour et il pose
l'avion sur le terrain de Porto-Praïa [Iles du Cap-Vert].
Philosophe notre héros, il estime : "Il
ne faut jamais abandonner sur une impression mais seulement devant l'évidence
de l'impossible."
Le 13 avril 1936, CODOS est nommé chef pilote à Air France. La
Compagnie qui n'apprécie guère la concurrence étrangère charge CODOS de
conduire sur les Iles des Acores, M. Louis CASTES, adjoint de M. COUHE,
administrateur, directeur général d'Air France Transatlantique. Il est question
de découvrir un terrain d'escales pour une ligne France-Amérique du nord. Les
négociations traînent en longueur. Les Américains ont le dernier mot et ils
installent "leur base" à Lagens. Une belle occasion ratée par la
France.
Le 20 août 1937, CODOS ne désarme toujours pas. Avec Maurice ARNOUX,
second pilote et Louis AGNUS, radio-mécanicien à bord d'un Breguet
"Fulgur" baptisé "Raoul Ribière", il s'impose en tête de la
course de vitesse Istres-Damas-Paris. Le compteur affiche 6190
kilomètres à une moyenne horaire de 308 kilomètres à l'heure.
Dans la foulée, avec Laurent Guerrero, second pilote et Salvat, navigateur,
Codos effectue avec un Farman 2220, sa première traversée de l'Atlantique Sud.
Il bat le record de vitesse des traversées aller-retour Dakar-Natal en défiant
le "Pot au Noir" qui ne s'était pas privé à secouer l'équipage. Ce
nouveau record distance de 3 heures les avions "Centaure" et de 6
heures, les hydravions "Latécoère 300" dont un est baptisé la
"Croix-du-Sud". L'hydravion avec lequel, le 7 décembre 1936, Jean Mermoz
disparaissait.
Du 20 au 22 novembre 1937, sur Farman 2240 baptisé le "Laurent
Guerrero" du nom d'un pilote disparu deux mois auparavant, Paul CODOS,
Marcel REINE, qualifié par CODOS de joyeux pilote, Léo GUINE,
radio et Edmond VAUTIER, mécanicien effectue sous un ciel plombé la liaison
Paris-Buenos Aires en 58 heures et 40 minutes. Le Ministre des
affaires étrangères en Argentine tout en rendant un hommage à l'équipage,
observe : "Il faut s'attendre à une
lutte âpre entre les Nations européennes pour la maîtrise de l'Atlantique Sud."Il se prépare une guerre mondiale. Ce n'est plus
celle des tranchées mais celle de la conquête de l'espace aérien.
Derniers vols ?
Le 1er avril 1938, Paul CODOS est nommé Inspecteur général
d'Air France, chef de Services Aériens Transatlantiques. Il devient le
concepteur des cabines étanches pour les vols à haute altitude. Il est un
rampant.
La seconde guerre mondiale est déclarée, la mobilisation des français
s'organise. Paul CODOS attend. Ô ! Pas longtemps. Un soir d'octobre
1939, il est convoqué par l'Amirauté. L'Etat Major est sur les dents. Le
Capitaine CODOS est désigné pour une mission de guerre. Il prend les
commandes d'un Farman stratosphérique baptisé le "Flammarion". A ses
côtés, Henri GUILLAUMET, second pilote ; COMET, navigateur ; NERI,
radio ; CAVAILLES, mécanicien et le commandant DAILLIERE qui se
joint à l'équipage. Il s'agit d'une reconnaissance au-dessus de l'Atlantique
Sud. Les cuirassés de poche allemands "Graf Spee" et "Von
Scheer" mettent à mal la marine marchande. Un pétrolier est signalé coulé
au large de Natal.
Le 25 mai 1940, Paul CODOS est intégré pour trois mois chez Air
France dans une affectation spéciale [Mission Jules Verne]. Avec l'hydravion le
"Ville-de-Saint-Pierre", Paul CODOS, Jean DABRY,
Fernand ROUCHON, Lucien REGNIER, CHAPATON, COUSTALINE
et MARI donnent dans l'humanitaire. Ils ont l'ordre d'approvisionner
depuis Marseille, les aviateurs français isolés à Djibouti et Madagascar. Nos
militaires manquent cruellement de denrées alimentaires, d'appareillages
médicaux et de produits médicamenteux.
Tout a une fin, le 3 juillet 1940 Paul CODOS est démobilisé. Le 8
août 1950, conformément au Journal Officiel, le capitaine Paul CODOS
est rayé des cadres. Il se retranche au 5 Villa Montcalm, Paris 18ème. Il n'est
pas fiché dans le "bottin mondain".
Notre Thiérachien totalise sur toute sa carrière de pilote-aviateur : 7598
heures 48 minutes en vol dont 135 durant la guerre 14-18
et 75 h 39 minutes lors du second conflit.
En octobre 1943, il rentre dans la résistance dans le réseau B.C.R.A
comme agent de renseignements. Il est arrêté par la gestapo. Rapidement libéré,
il rejoint l'Armée de libération.
En janvier 1952, la retraite civile sonne à sa porte, il en profite huit ans et c'est le repos éternel.
Le 7 juillet 1974, les Viérois se souviennent de l'enfant du pays. Au
pied de sa maison natale, une stèle est érigée à sa mémoire. M. QUANEAUX,
maire à l'époque, entouré de personnalités et de Mme veuve Paul CODOS,
rappelle les exploits de ce pilote aventurier : "Paul
CODOS inaugure les voyages de nuit sur la ligne PARIS-LONDRES.
Chaque voyage est une lutte incessante contre les éléments. C'est chaque fois
l'école quotidienne du courage, de l'endurance, de l'audace et de l'habileté.
Ainsi, Paul CODOS devient un de nos meilleur pilote de ligne (...)
Puisse ce modeste monument le rappeler à tout jamais et témoigner notre
reconnaissance au héros de l'épopée transatlantique".
D'Iviers à Marignane
Gilles
19.09.2020 14:17
Je précise que pour sa première traversée de l'atlantique sud avec le farman 2220 il était en compagnie de André Montet le mécanicien.
Derniers commentaires
16.11 | 15:11
Bonjour à tous, je suis à la recherche de photos de mon grand père, Michel Desson. De ce que je sais, il es née en 1951 et aurais été au collège en mécanique..merci à ceux qui m’aideront..
25.10 | 10:01
J'étais en 2eAB puis en 1ère A4 en 1968,1969 et 1970.
02.06 | 07:03
Ce n'est pas une photo de 1966. Elle date de 1973 .classe de 2nd T. MICHEL LAMPSON professeur de math au centre.
06.05 | 23:05
J'ai connu M. Lajarrige quand il était principal-adjoint au collège Georges Cobast d'Hirson. Je débutais en tant que professeur d'anglais à l'annexe de la rue Camille Desmoulins.